Donc, je me présente en deux-trois mots:
Olivier, 42 ans (et demi), marié, 2 enfants (13 et 11 ans), ce qui doit me placer dans la catégorie homme des cavernes du bmx (à la limite du dinosaure).
J'habite maintenant à Gargenville dans les Yvelines, et je roule essentiellement en champ de bosses sur le trail d'Aubergenville, en face, de l'autre côté de la Seine (sauf quand je fais des surfers sur mon vieux Trick Star exprès pour embéter Soldat Bobby).
ça fait plusieurs mois que je parcours avec plaisir le forum, où les expériences des uns et des autres me remémorent mon passé de bicrosseur qui ne me semble pas si ancien que ça. J'y croise même quelques personnages que j'ai rencontré dans la vraie vie à droite ou à gauche, et même des personnages ayant partagé mon passé (n'est ce pas, Nicolas de Plan2baix!).
Je n'ai pas toujours été Yvelinois. J'ai commencé le vélo rigolo en juin 1980, à 13 ans, au Havre, ville de mes 20 premières années. J'avais vu des copains faire du motocross dans les terrains vagues avec des solex sans moteurs. ça a m'a fait envie, j'ai dégoté à la casse un minivélo, sur lequel mon père a fait soudé une barre de renfort (top tupe), un guidon de mobylette, des pneus de raleigh griffter... et c'était parti, brakeless. c'était un samedi, et le mardi suivant, première gamelle dans les silex à cause d'une ornière, et hop 6 points de sûtures. Après, j'ai mis un frein! Le Noel suivant, le père Noel m'apportait mon premier vrai bicross: un Gitasprint rouge et jaune tout acier (niveau motobécane mx10), il était vraiment magnifique.
Et depuis, ça a été la grosse passion. On était une bonne bande de copains sur le Havre dans les années 80 et on pratiquait le bicross sous toutes ses formes. On roulait en ville, au pot de Yaourt (le Volcan Niemeyer), le long de la plage, où on faisait du freestyle (roues arrières, rollback, surfer, que du gros) du street, déjà, même si on ne savait pas encore que ça allait s'appeler comme ça plus tard, et des sauts sur terre à la forêt et sur quelques spots éphémères. Les vélos ont commencé à évoluer. Le père Noel suivant m'a apporté un motobécane MX25 (la première version, cadre gris métal et accessoires bleu, avec selle Kashimax en peau) ; il faut dire que j'avais été extrèmement sage et méritant.
Et puis est arrivé le messie, Michel C., ancien cycliste (un vieux pour nous, à l'époque, il avait au moins 25 ans!) qui s'est intéressé à nos pratiques d'adolescents, et qui a monté feu le club bicross du Havre auquel beaucoup d'entre nous ont adhéré, et qui nous a permis d'avoir une piste bien sympa et de commencer les compétitions avec l'AFB. Encore Merci Michel pour tout ce que tu as fait pour nous. Les premières courses furent celles du championnat de Normandie 1984 où j'ai terminé 2ème derrière Alain Pétel dans la catégorie reine (les junior 16 ans et plus... les experts, ça n'existait pas encore dans le championnant à cette époques là!). C'est là mon seul palmarès. Je n'ai pas continué la compétition (rebellion postpubère vis à vis du règlement), mais je continuais de rouler à la piste avec les grands noms Havrais qui ont suivi (Aurélien L., Emmanuel M., Nicolas M. plus tous les autres) surtout pour faire des sauts où je prenais grand plaisir à tenter les figures que l'on voyait dans bicross magazine (Xup, 1 pied, 2 pieds, 3 pieds et une main et du cancan, et du couché de travers).
La deuxième révolution au Havre est arrivée avec la naissance du magasin rando loisirs (VTT, bmx et roller), qui nous a permis d'obtenir avec plus de facilité le matos, notamment celui qui venait des amériques et qui nous faisait rêver. Après comme beaucoup sur le forum, on s'est amusé à faire évoluer les vélos, avec le cadre tartampion, le guidon droit CW (on n'en voit pas beaucoup aujourd'hui dans le musée, pourtant, c'était la star du guidon au début des années 80), les roues Skyway...
Petit à petit, le niveau est monté et les pratiques on commencé à se séparer avec des vélos distincts: les "crosseurs" sur la piste et la terre et "les styleurs" en ville et à la plage, avec Arnaud, Manu, Charles, Jean Vincent, Titi, Mami et pleins d'autres. c'était à l'époque des courses à Bercy avec leurs lots de Stars ricaines (j'ai même la mousse de guidon rose de Mike Miranda de Bercy 1, sisi, elle traine dans une caisse dans le garage).
Il n'est pas possible d'évoquer cette époque au Havre sans s'arrêter sur Guillaume dit "Mami", qui avait monter un véritable bike park derrière la maison de ses parents à la campagne, avec banks, mini rampe, mégarampe (3 m de haut, c'était déjà respectable au milieu des années 80). Au fure et à mesure des années, Mami avait atteint un niveau plus que respectable et forçait l'admiration notamment en rampe et en flat. Tandis que pour moi, un grave bloquage psychologique m'empéchait de sortir à plus de 50cm dans n'importe quel quarter, lui se frisait à 2m dans la big (avec coasterbrake, qui plus est) et tapait des fakies 50 cm au dessus du coping. La petite troupe de locaux avait pour raison sociale la "Réauté Rampe Division".
Tout ça a continué à hautes doses (dès que je pouvais après l'école, 7 jours sur 7), jusqu'au moment où ça n'a plus continué. les doses ont commencé à baisser quand je suis parti faire mes études à Poitiers de 1988 à 1990. Non pas qu'il n'y avait pas de scène locale là-bas, mais on n'avait pas les mêmes façons de rider, ils étaient beaucoup plus flat moderne que moi (des figures qui commençaient à rouler et à squeeker). Pourtant, là-bas, j'ai eu la chance de tomber par hasard sur le quarter/halpipe en béton sur le campus, mais il était un peu éloigné de mon logement, et était assez déserté à cette époque.
Après, service militaire dans le Meuse, puis le début de la vie active, en 1991 dans une grande entreprise du secteur spatial (la classe!) aux Mureaux (78). Mais là, le hic. on est dans le creux de la vague bmx. Pas un petit vélo qui traine dans la rue, pas un magazine dans les kiosques... et pas d'internet pour m'aider à me raccrocher à d'autres animaux de mon espèce. Du coup, j'ai arrêter bien malgré moi de rouler régulièrement (j'étais toujours bicrosseur dans ma tête, mais dans les roues, c'était clairement pas ça). Les vélos sont rester bien au chaud, chez mes parents au Havre, et je les promenais 3 fois dans l'année, quand je remontais. Alors, je me suis mis au volleyball dans le championnant départemental Yvelinois (c'est rigolo aussi le volley, mais ça saute moins haut).
Entre temps, la vie passe, je me marie, les enfants naissent, d'abord un garçon puis une fille 2 ans plus tard (le choix du roi, yes!)
Et un beau jour, le miracle, des magazines bmx ressortent. Et quelle n'est pas ma surprise de découvrir début 1998 dans bmx'up qu'il y avait un trail légendaire à Aubergenville (la butte, since 1984), à même pas 10 km de là. j'y vais de ce pas, y rencontre Nicolas V. dit "Nico" qui m'accueille à bras ouverts... et c'est reparti, presque comme en 40. je ramène mon vélo du Havre (le Hutch Judge auquel j'offre une nouvelle paire de roues) et j'y vais rouler le dimanche.
Et c'est comme ça depuis cette date, le dimanche, c'est vélo. Bien sur, avec le temps, le riding est beaucoup moins spontané et beaucoup plus réfléchi. ça évite les mauvaises surprises, mais c'est parfois long de poireauter 1 heure devant un bosse pour savoir si on va y aller ou si on va y aller, car ça fini presque toujours par j'y vais et que ça passe fastoche que si j'avais su, je n'aurais pas poireauter une plombe.
Et quand il fait pas beau, on joue à la terre pour refaire les bosses du trail (en fait c'est moyen drôle comme jeu, vu que l'on est peu nombreux à le pratiquer, mais si on ne le fait pas, le terrain devient vite inroulable... car comme pour la plupart des trails, où il y a beaucoup plus de pratiquants / consommateurs que de personnes qui creusent. Heureusement que j'ai paic citron pour faire la vaisselle après, comme ça mes mains restent douces après ces séances de pelles, de brouettes et de pioches.
De temps en temps, je vais visiter d'autres lieux et j'ai eu le plaisir de rouler au Parc à Abbeville (merci Yann), aux trails de Cahors (merci Lionel) et de la chapelle saint Mémin (merci Jean Marc), au parc béton du havre (merci Mammie Nova), mais dans l'ensemble, j'ai une pratique assez sédentaire.
ça c'est pour la petite histoire.
bon à 42 ans, on est encore loin d'être foutu, et la fin de la pratique n'est pas encore programmée... (j'entends encore ma mère me dire à mes 20 ans: "quand est-ce que tu vas arrêter?" ... et bah 22 ans après, c'est pas encore fini). De toutes façons il est hors de question que j'arrête avant José D.
J'ai quand même eu la chance d'être épargné par les blessures, ça aide à durer. Une luxation de l'épaule en rampe à 20 ans (une accromioclaviculaire stade 3, frdavid appréciera), celle qui a entrainé le bloquage de tout aerial supérieur à 50cm dans les rampes, et 2 côtes cassées l'an passé après une chute à la con à la réception d'une double toute petite, mais suivie d'une racine saillante au sol. A ce rythme, la prochaine blessure importante devrait arriver après mes 60 ans, donc j'ai encore le temps. J'ai aussi eu comme vous tous quelques rayures plus ou moins profondes mais pas de quoi fouetter un chat.
Pour ce qui est des montures, voici la petite liste de mes principales, depuis le tout début:
- le gitasprint rouge et jaune
- le motobécane MX25 gris et bleu
- un GT4 suivi d'un autre pour casse,
- un GHP pro 2
- un Hutch Judge, et en parallèle pour la ville, un Hutch Trick Star (avec coaster brake) et un redline RL20II.
ça c'est pour la première époque. pour les temps modernes, il y a eu:
- le retour du Hutch Judge,
- un GT Thumper (grosse merde au niveau solidité, en ayant cassé 2, alors que j'imaginais ça incassable, un vélo de 15 kg de ferraille avec des tubes gros comme ça)
- un commençal Absolut
- et le petit dernier que l'on m'a offert par surprise pour mes 40 ans, un Twenty Machine 2007 bien plus léger, en 21,25, auquel j'ai mis pour le plaisir une fourche Odyssey director (à la mongoose), et tout récemment le grand guidon odyssey 4/4 qui ressemble au redline forklifter (raccourci à 68cm de large, ce qui reste large lorsque le guidon précédent en faisait 63).
voici quelques photos du bonhomme à travers les ages ; pas facile de se limiter, et ça a peu d'intérêt pour la plupart d'entre vous, car elles ne vont causer qu'à une génération de Havrais... Mais c'est bon pour ma thérapie.
- les débuts sur le Gitasprint

- début des années 80, MX25, pot de Yaourt avec la faune d'alors

- championnat de Normandie 1984, à Cléon (sauf erreur) avec moi à l'intérieur et Alain Pétel à l'extérieur

- Petit clin d'oeil sur le GT4 et la "grosse fourche TIOGA" style Landing Gear. Résultat après le premier atterrissage... Comment on dit? une grosse merde, oui, c'est ça. Elle n'est pas restée longtemps en rayon, celle-là!!!

- Démos à la plage et à la piste sur l'énorme banks et un air à au moins ... ça! vous avez vu ce grand guidon Vector!!! de mémoire, il taillait 30 cm de haut et 84 de large!!! obligé de le couper dès la première utilisation.



- fin des année 80, sur l'ancienne piste du Havre, avec le GHP et la mousse rose de Mike Miranda




- Quelques années après le retour de 1998, le vioque sur un petit vélo à Aubergenville (avec des photos de 2004-2005)


- Et un petit tour au 45Trail à la Chapelle Saint mémin

- Ma grande fierté, sauter la "ligne" à la jam KTC 2004 (une heure de gamberge devant ces grosses bosses, mais quelles sensations de voltiges au final)... et de me retrouver en photo sur bmxinfo


- Au parc béton du Havre en 2006, dans le big bowl, à une hauteur stratosphérique, ah, si l'on avait eu ça à l'époque, Matt Hoffman n'aurait eu qu'à bien se tenir!

- la petite dernière en 2008 sur le twenty avec un croisé de guidon dans les arbres d'Aubergenville

Un grand merci à tous ceux qui ont eu la patience de lire cette bafouille jusqu'au bout. ça ne fait pas trop genre le type qui raconte sa vie? si, un peu quand même, et merci surtout à Eric pour l'ensemble de son oeuvre.
Et n'hésitez pas à venir nous rendre visite à Aubergenville, trail entretenu pas des vieux et donc forcément plus accessible que ceux des jeunes des magazines.
A plus sur d'autres posts.